1975-11-24 YALE UNIVERSITY.ENTRETIEN AVEC DES ESTUDIANTS
Ce texte fait partie des Conférences et Entretiens dans des universités nord-américaines. Paru dans Scilicet n°6/7, 1975, pp.32-37
Freud et ses erreurs?
Ce que Freud appelait l´inconscienr: un savoir exprimé en mots. Mais ce savoir n´est pas seulement exprimé en mots don’t le sujet qui les pronounce n´a aucune espèce d´idée ; ces mots, c´est Freud qui les retrouve dans ses analyses.
Le choix de mes patients et son articulation avec me théorie?
Il s´agit de les faire entrer por la porte, que l´analyse soit un seuil, qu´il y ait pour eux une véritable demande. Cette demande: qu´est-ce dont ils veulent être débarrassés? Un symptôme.
Un symptôme, c´est curable.
La religion, c´est un symptôme. Tout le monde est religieux, même les athées. Its croient suffisamment en Dieu pour croire que Dieu n´y est pour rien quand ils sont maladies.
L´athéisme, c´est la maladie de la croyance en Dieu, croyance que Dieu n´intervient pas dans le monde
Dieu interbient tout le temps, par exemple sous la forme d´une femme.
Les curés savent qu´une femme et Dieu c´est le même genre de poison. Ils se tiennent à carreau, ils glissent sans cesse.
Peut-être l´analyse est-elle capable de faire un athée viable, c´est-à-dire quelqu´un qui ne se contradice pas à tout bout de champ.
J´essaie que cette demande les forcé ( les analysants) à faire un effort qui será fait par eux.
Être débarrassé d´un symptôme, je ne leur promets rien.
Parce que, même pour un symptôme obsessionnel, des plus encombrants qui soient, il n´est pas sûr qui´ils feront effort de régularité pour en sortir.
Dans ce filtrage, il y a un pari, une part de chance.
Je mets l´accent sur la demande. Il faut en effet que quelque chose pousse. Et ce ne peut être de mieux se connaître ; quand quelqu´un me demnade cela, je l´econduis.
Qu´est-ce qu´une erreur?
J´appelle ҫa une erre-eur. Cf. l´erre d´un navire, les non-dupes errant. Les non-dupes, ҫa peut se coincer et le symptôme c´est quand, à ne pas être dupe, ҫa se coince quand même.
Le symptôme n´ètait pas dans la pensé courante avant une certaine époque.
Sinthome: le mont existe dans le incunables ; j´ai trouvé cette ancienne orthographe dans le Bloch ot von Wartburg. Cette orthographe n´est pas étymologie, elle est toujours en voie de refection . J´ignorais que Rabelais, au siècle suivant, écrivait : symptomate.
Je vais essayer de combler mon ignorance par un certain nombre de citations.
L´importance de la littérature dans mes écrits?
Je dirais plutôt de la lettre. La littérature, je ne sais pas encore très bien ce que c´est ; en fin de compte, c´est ce qui est dans les manuels, de littérature entre autres. J´ai asseyé d´en approcher un peu ; c´est une production mais douteuse et dont Freud était friend parce que ҫa lui a servi je ne sais quell droit fil de la function tout à fait fantaisiste que lui, Freud, imputait à le femme, Jensen lui a répondu qu´il n´avait jamais rien vu de tel et qu´il n´avait fait que plumitiver, chaché ҫa de sa plume.
Il y a une iflexion de la littérature ; elle ne veut plus dire de nos jours ce qu´elle voulait dire du temps de Jensen. Tout est littérature . Moi aussi j´en fais puisque ҫa se vend : mes Écrits, c´est de la littérature à laquelle j´ai esseyé de donner un petit statut qui n´est pas celui que Freud imaginait. Freud était convaincu qu´il faisait de la science ; il distingue soma/germen, emprunte des termes qui ont leur valeur en science. Mais ce qu´il a fait, c´est une sorte de construction géniale, une practique et une practique qui fonctionne.
Je ne m´imagine pas faire de la science quand je fais de la littérature. Néanmoins, c´est de la littérature puisque c´est écrit et que ҫa se vend ; et c´est de la littérature parce que ҫa a des effets, et des effets sur la littérature.
C´est difficile à saisir.
Pourquoi ne me saisirais-je pas moi-même comme un effect?
Quand une rivière coule, il y a des petits courants particuliers.
Le courant central a l´air d´aspirer les autres, mais c´est simplement parce que les autres confluent.
Quels sont les théoriciens de la psychanalyse avec lesuqels je suis en rapport de symptathie?
Les médecins prennent les symptôme pour des signes.
Le symptôme au sens psychanalytique est de tout autre nature que le symptôme organique; les analystes ne sont pas idiots là-dessus.
Le premier qui a eu l´idée du symptôme, c´Marx.
Le capitalisme se marque par un certain nombre d´effets qui sont des symptôme ; c´est un symptôme dans la mesure où Marx impute à l´humanité d´avoir une norme, et il choisit la norme prolétaire (quand l’ homme est nettoyé, tout nu, alors c´est Adam).
S´il y a une loi cardinale de la psychanalyse, c´est de ne pas parler à tort et à travers, même au nom des catégories analytiques. Pas d´analyse sauvage ; ne pas plaquer de mots qui n´ont de sens que pour l´analyste lui-même.
C´est de mes analysants que j´apprends tout, que j´apprends ce que c´est que la psychanalyse. Je leur emprunte mes interventions, et non à mon enseignement, sauf si je sais qu´ils savent parfaitement significations posibles.
Au mot < mot >, j´ai substitute le mot < significant> ; et ҫa signifie qu´il prête à equivoque c´est-à-dire a toujours plusieurs significations possibles.
Et, dans la mesure où vous choisirez bien vos termes, qui vont tirailler l´analysant, vous allez trouver le signifiant élu, celui qui agira.
En aucun cas une intervention psychanalytique ne doit être théorique, suggestive, c´est-à-dire impérative ; elle doit être équivoque.
L´interprétation analytique n´est pas faite pour être comprise ; elle est faite pour produire des vagues.
Donc il ne faut pas y aller avec de gros sabots, et souvent il vaut mieux se taire ; seulement il faut le choisir.
Il faut avoir été formé comme analyste. Ce n´est que lorsqu´il est formé que, de temps en temps, , ҫa lui échappe ; formé , c´est-à-dire avoir vu comment le symptôme, ҫa se complète.
Dans l´analyse, il n´y a scéne que lorsqu´il y a passage à l´acte. Il n´y passage à l´acte que comme un plongeon dans le trou du souffleur, le souffleur étant bien sûr l´inconscient du sujet.
Ce n´est qu´à propos du passage à l´acte que j´ai parlé de scénique.
Les modèles dont je me sers sont sont- ils symboliques?
Je m´y efforce et meme je me tue à cela. Ҫa me consume parce que l´inconscient ne s´y prête pas.
Ces noeuds borroméens ne sont fáciles ni à montrer ni à démontrer parce qu´on ne se les représente pas du tout.
Pour ce qui est de ces histoires de noeuds, nous en sommes encore à devoir tout inventer car il n´y a rien de moins intuitif qu´un noeud. Essayez de vous représenter le plus petit qui soit, puis le suivant et le suivant et le suivant, de voir le rapport qu´il y a entre eux : on s´y casse la tête. Tout est à construiré
Ce n´est pas parce qu´ils ont un caractère non verbal que je les utilice. J´essaye au contraire de les verbaliser.
La vérité?
Elle a une structure de fiction parce qu´elle passe par le langage et que le langage a une structure de fiction.
Elle ne peut que se mi-dire. Jurez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité : c´est justement ce qui ne será pas dit. Si le sujet a une petite idée, c´est justement ce qu´il ne dira pas.
Il y a des vérités qui sont de l´ordre du réel. Si je distingue réel, symbolique et imaginaire, c´est bien qu´il y a des vérités réelle, symbolique et imaginaire. S´il y a des vérités sur le réel, c´est bien qu´il y a des vérités qu´on ne s´avoue pas.
La consistance de la langue anglaise?
Jones a dit que les anglais, grâce à la bifidité de leur langue ( de racine germanique et de racine latine), pouvaient, passant d´un registre à l´autre, tamponner les choses: ҫa sert à ce que ҫa n´aille pas trop loin
C´est l´esquivoque, la pluralité de sens qui favorise le passage de l´inconcient dans le discours.
L´auto-analyste?
L´auto-analyse de Freud était une une writing-cure, et je crois que c´est pour ҫa a rate.
Écrire est different de parler
Lire est different d´entendre
La writing-cure,je nn´y crois pas
Qu´est-ce que ҫa veut dire avoir à écrire, de la littérature, bien sûr?… une loufoquerie.
Phallus et littérature
Le phallus est un manquede rien du tout, un encombrement. Personne ne sait qu´en faire. Le texte littéraire, malgré ses apperences, est sans aucun effet. Il n´a effet que sur les universitaires :ҫa les pique au derrière.
Quand je m´intéresse à Joyce, c´est parce que Joyce essaie de passer au-delà ; il a dit que les universitaires parleraient de lui pendant trois cents ans.
La littérature a essayé de devenir quelque chose de plus raisonnable, quelque chose qui libre sa raison. Parmi les raisons, il en est de très mauvaises :celle de Joyce de devenir un homme important, par exemple. Il est en effet devenu un homme très important.
Comment se laisse-t-on engluer dan ce métier d´écrivain? Expliquer l´art par l´inconscient me paraît des plus suspect, c´est ce que font pourtant les analystes. Expliquer l´art par le symptôme me paraît plus sérieux.
Verwerfung-Verleugnung
Verwerfung, le jugement qui choisit et rejette
Verleugnung s´apparent au démenti. Quelque part, je l´avais traduit par <désaveu> ;ҫa paraît une imprudence.
Le démenti a , je crois, un rapport avec le réel.
Il y a toutes sortes de démentis qui viennent du réel
Les implications politiques de vos recherches psychanalytiques?
En tout cas, qu´il n´y a pas de progres.
Ce qu´on gagne d´un côte, on le perd de l´autre.
Comme on ne sait pas ce qu´on a perdu, on croit qu´on a gagné. Mes <tortillons> supposent que c´est borne.